La Kritik de Krinein

Publié le par Les Artistes Anonymes

du Magazine critique culturel

 
 
Gaelle Vignaux - Avec 2 L

Petit bout de femme pas plus haut que trois pommes avec une voix fluette et malicieuse, pleine de bonne humeur et fana de bons mots, sympathique interprète qui se met en quatre pour décrier des scènes du quotidien. Pêle-mêle s'entassent les âges, les rencontres, les moments forts et ceux de « beaucoup moins ». Prenant la posture d'une fée sur une photo sépia et revêtant de gants de boxe, Gaëlle expose ses arguments : une féminité certaine prête à refiler des directs sans concession. Belle et cruelle, Gaëlle s'écrit bien Avec 2 L.

Multi récompensé par des divers prix pour cet album autoproduit, Gaëlle rappelle une sorte de Bénabar version féminine, proche de Clarika dans ses textes mais avec une voix jouant sur la rythmique avec bonheur, légèreté et douceur. Pas de performance vocale absolument incroyable à relever mais les textes sont suffisamment intéressant pour que la voix laisse place au silence et à une écoute attentive. Autour d'une composition minimaliste comprenant une guitare et un violoncelle, Gaëlle interprète avec passion des tranches de vie simples sonnant justes. La jeune auteur et compositrice écrit sur toutes les périodes de la vie d'une femme (enfance, jeunesse, vie de couple, maternité, fin de vie). De plaisir en plaisir, les textes explorent (à la première personne) l'intimité plus ou moins réaliste du quotidien féminin contemporain.


Gaëlle revient sur sa scolarité avec un subtil texte qui donne un ton très littéraire aux mathématiques (Echecs en maths), sur l'entrée d'un nouveau petit être dans sa vie (Saska) ou le quotidien d'une dame d'âge respectable (La vioque). Douceur, humour, bons mots, déjà dit mais à répéter car lorsque l'incontinence arrive à faire rire, l'objectif avoué est réussi. Au rayon humour, ANPE retient l'attention par la galère de job en job mais surtout l'incrustation de dialogues genre « crêpages de chignon » savoureux et intéressants, La complainte de l'essuie-tout est un magnifique texte absurde ou la dépendance médicale (Séance d'absence). Une petite visite de la capitale (Paris) et un règlement de compte contre une infidèle (Madame) plus tard, laisse place au superbe Le chant de Margot qui rappellerait presque un air de guinguette.

En l'espace de dix titres, Gaëlle conquiert par la qualité de son interprétation et la malice de ses textes, donnant une vision amusante ou tragique sur le quotidien de ce qui semble être une femme enfant pleine de ressources. Avec 2 L, Gaëlle convainc assurément que les fées peuvent apporter un peu de fantaisie supplémentaire à la chanson française.

                                                                                                                                                                             Juro

 
Thierry Cadet - Popscriptum

La trentaine assurée, Thierry Cadet pose ses mots sur des textes simples et doux, tellement évocateurs qu'il ne demeure pas insensibles à l'oreille, d'autant plus que la vois sans heurts et légère de l'interprète parvient à se greffer sans mal aux compositions minimales. La chanson pop version française trouverait-elle un nouvel artiste sur lequel il serait possible de compter pour donner un peu plus de consistance au genre que l'éternel Daho ou Raphaël ? Doté d'arguments intéressants bien que communs, Thierry Cadet livre un Popscriptum aux sonorités variées.

Les textes intimistes de Thierry Cadet à la première personne du singulier touchent à leur juste valeur par leur côté nostalgique, doux, triste, caressant ou tendre mais ils pêchent un peu par idéalisme ou naïveté malgré de très belles images, jeux de sons et métaphores. Absolument pop, ils développent une certaine légèreté sur la vie en générale. Pas désagréables à l'écoute, les paroles ne parviennent pourtant pas à accrocher durablement les esprits. Les petits airs de guitare donnent un air de proximité avec l'artiste, ce qui est renforcé par quelques effets ou l'import de sons provenant du classique ou des percussions. Les compositions demeurent dépouillées, simples. La voix est simple, claire, reconnaissable même si pas vraiment particulièrement spéciale. Elle sert à mettre en valeur les paroles avec quelques petites envolées lyriques. Passant allégrement de pop/rock à partie acoustique, Thierry Cadet offre un album disposant d'un pavé de bonnes intentions pas toujours totalement convaincantes.


La tête haute a tout d'un single avec son refrain saisissant qui se concrétise par un emballement de la composition et des paroles simples faisant mouche. Suivent des textes nostalgiques sur le syndrome de Peter Pan (Ca c'est moi) ou le temps qui passe (Tout est écrit), Adelaïde une reprise remise au goût du jour à travers un duo avec la brésilienne Mônica Passos, touche latine qui se prolonge sur Un jour au paradis. Incontestablement, les titres phares de l'album resteront le sombre Je panse et Liebe dont le texte propose une introspection sur la distance et les tentations amoureuses, marquant par son interprétation sèche, très réussie. Pour conclure, un titre sympathique sur le désir (Les quatre jeudis) et le curieux Après toi. A noter que le titre fantôme a été signé par Jean-Jacques Goldman.

Le collectif des Artistes Anonymes délivre un nouveau nom de la chanson française qui propose une originalité encore limitée en dépit de titres intéressants. Un intérêt se trouvera tout de même à découvrir cet artiste capable de surprendre par la qualité de son interprétation.


                                                                                                                                                                            Juro
 

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C
i like your blog..keep on
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